Métamorphose

Au cours de l’été 2014, alors que j’étais encore étudiant en archéologie, j’ai eu l’occasion de passer quelques jours de vacances chez mon oncle Archibald, qui habitait un petit château à Rochecombe, dans le Gévaudan, et qui possédait surtout une grande bibliothèque pleine de livres anciens.

Étant depuis toujours fasciné par les sciences occultes, je me mis à dévorer l’un des livres les plus étranges de cette bibliothèque, rédigé par un certain Agénor, ancien secrétaire des seigneurs de Rochecombe et intitulé «Comment devenir un loup-garou». Selon ce livre, il fallait demander au sorcier de Rochecombe de vous fournir un onguent spécialement préparé à cet effet. Le rituel de métamorphose devait ensuite s’effectuer dans une clairière éclairée par la pleine lune: après s’être déshabillé entièrement, le candidat devait s’enduire le corps de cet onguent magique.

Je n’eus aucune peine à trouver l’adresse du sorcier de Rochecombe, qui appartenait à une famille où la sorcellerie s’exerçait de père en fils depuis la nuit des temps. A ma grande surprise, il accepta sans difficulté, en échange d’une somme relativement modique, de me confectionner le fameux onguent. Grâce à celui-ci, je pourrais prendre à ma guise la forme d’un loup pendant les nuits de pleine lune et retrouver ma forme humaine au lever du jour. Toutefois, je ne pourrais user de ce pouvoir que pendant huit ans: avant la fin de l’été 2022, je devrais revenir le voir pour qu’il me fournisse un antidote, faute de quoi la transformation risquerait fort de devenir définitive...

Dès la nuit suivante, je me rendis dans une clairière au fin fond de la forêt voisine, je me déshabillai entièrement et je m’enduisis le corps à la lueur de la pleine lune. Au bout de quelques instants, mon corps se couvrit de poils, mes mains et mes pieds s’allongèrent, mes ongles se transformèrent en griffes, mon nez se transforma en museau et mes dents devinrent des crocs acérés. Puis une queue touffue, bien plus longue que celle que je possédais déjà, apparut dans le prolongement de ma colonne vertébrale. J’étais devenu un homme-loup, un loup-garou…

(A suivre)

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