Appât vivant
par Anonymous le, 02/06/2020Cette histoire se passe il y a plus de quatre mille ans.
Le héros Gorgias, que certains surnomment l’Hercule de Posidonie, vient d’être chargé de tuer Fenris, le loup géant qui fait régner la terreur dans la région du mont Carnasse. Il demande à son jeune cousin, le naïf Iollas, de l’aider dans cette tâche.
Iollas, qui voue une admiration sans bornes à son cousin, accepte donc de servir d’appât humain. Entièrement nu, il accompagne son cousin sur les pentes du mont Carnasse et se laisse attacher les mains dans le dos par des liens en cuir. Ces liens sont bien serrés autour de ses poignets et reliés eux-mêmes, au moyen d’une épaisse corde, à un piquet solidement fiché dans le sol au pied d’une falaise. Il peut donc bouger un peu, mais la corde n’est pas assez longue pour lui permettre de se tenir autrement que couché, assis ou accroupi. Il se retrouve donc nu comme un ver, quasiment immobilisé, à la merci du prédateur.
Avant de s’éloigner, Gorgias a creusé autour de son cousin une fosse recouverte de branches et de feuillages, dont le fond est hérissé de pointes acérées.
Vous devinez la suite : le terrible Fenris aperçoit le jeune Iollas, nu et tremblant comme une feuille, se dirige vers lui en se pourléchant les babines... et tombe dans la fosse où il s’empale sur l’un des pieux plantés par Gorgias. Celui-ci sort de sa cachette et descend prudemment dans la fosse pour récupérer le cadavre du loup.
Après avoir hissé la dépouille du monstre sur ses épaules, il se tourne vers son cousin pour lui dire qu’il va la ramener en ville et qu’il reviendra le chercher ensuite.
Iollas lui fait remarquer que la ville est à plusieurs jours de marche, qu’il n’a rien à manger et que ses liens sont si solides qu’il ne pourra pas se détacher son aide.
Gorgias lui répond : « Cela t’aidera à t’endurcir et t’apprendra la patience. Tu ne risques pas de mourir de faim car la corde est assez longue pour te permettra d’aller brouter un peu d’herbe et quelques fleurs autour de toi »...
Iollas gémit : « Mais s’il y a d’autres bêtes féroces »...
Gorgias répond : « Ne crains rien, ce loup était la seule bête féroce de la montagne. Mais tu ne resteras pas seul car les autres animaux tiendront sûrement à faire ta connaissance dès qu’ils sauront que tu m’as aidé à le tuer : en particulier, les chèvres sauvages et les mouches à miel qui viendront sans doute te lécher et te butiner le corps jusqu’au moindre de tes orifices pour te témoigner leur reconnaissance »...